L’Italie va imposer la vérification d’âge aux sites de contenus adultes

L’Italie s’apprête à franchir le pas dès le 12 novembre 2025 en imposant à tous les sites pornographiques de vérifier l’âge de leurs visiteurs. L’Autorité des communications du pays (Agcom) vient de valider cette décision qui va changer la donne pour des millions d’utilisateurs – et qui va encore aussi déclencher une pagaille sur le net italien. Les amendes et les blocages purs et simples sont au menu pour ceux qui ne joueraient pas le jeu, un peu comme en France où la décision de l’Arcom cet été a rebattu les cartes.


Les chiffres donnent le vertige, comme l’explique une étude rapportée par le Corriere italien : parmi les 6 millions de jeunes Italiens entre 8 et 16 ans qui possèdent un smartphone, seulement 1,2 million d’appareils disposent d’un contrôle parental. Pire encore, 88% des ados consulteraient « régulièrement » du porno en ligne selon les données citées par l’Agcom. Face à ce constat, Rome a décidé de réagir en rejoignant la France et le Royaume-Uni (Online Safety Act passé en juillet 2025) dans cette bataille pour protéger les mineurs.

Le double anonymat

Le système italien mise sur une technique baptisée « double anonymat » que l’on ne retrouve ni en France, ni au Royaume-Uni. Concrètement, vous devrez obtenir un code auprès d’un organisme indépendant (votre banque ou votre opérateur téléphonique par exemple) qui va alors certifier que vous êtes majeur sans dévoiler qui vous êtes au site que vous consultez. Il n’y a donc pas de lien direct, comme c’est le cas en France où vous vérifiez votre identité directement sur le site concerné (certes avec une tierce partie, mais quand même).

Du côté de l’Hexagone où ces règles sont appliquées depuis juin, la réponse de l’industrie a été cinglante : le propriétaire de Pornhub et YouPorn a coupé l’accès à ses plateformes sur tout le territoire français plutôt que de se plier aux nouvelles exigences. La société évoque la défense de la vie privée de ses utilisateurs quitte à perdre du trafic. Cela dit, ce trafic officiel provenant des adresses IP françaises a peut-être été déporté vers d’autres pays par le biais d’un VPN.

Comme le souligne Aylo lui-même, les internautes ne renoncent pas pour autant au porno : ils migrent massivement vers le dark web et les petits sites illégaux qui se fichent des restrictions. C’est tout le paradoxe de ces mesures de protection : en chassant les grosses plateformes qui acceptent au moins un minimum de régulation, les autorités risquent de pousser les gens (y compris les mineurs qu’elles veulent justement protéger) vers des recoins bien plus glauques d’internet, sans modération ni contrôle.

Les Britanniques ont choisi une autre stratégie avec leur Online Safety Act : des vérifications via e-mail, carte bancaire ou reconnaissance faciale qui permettent à Pornhub de rester accessible tout en étant surveillé. En France, il n’y a tout simplement plus d’accès à ces plateformes, sauf si vous utilisez un outil de contournement du blocage.

Mais comment empêcher le contournement quand les gens sont toujours plus malins ? En France, les VPN ont explosé. Proton a vu ses inscriptions grimper de 1000% en trente minutes après le blocage de Pornhub. C’est un VPN gratuit sur tous appareils – iOS, Android, Windows et macOS : donc il suffit de le télécharger pour contourner le blocage. Il existe bien d’autres acteurs reconnus comme ExpressVPN, CyberGhost VPN ou encore Private Internet Access.

Et maintenant que Free offre gratuitement son mVPN à ses millions d’abonnés, ces outils légaux rendent les utilisateurs français virtuellement invisibles pour l’Arcom. L’Italie risque bien de connaître le même scénario avec des italiens qui se tourneront vers des VPN pour accéder à leurs sites pornos préférés. Affaire à suivre.

Crédits : © Braden Collum – Unsplash